Recueil de lettres

Les années 80 sont terminées et avec, une décennie généreuse pour Indochine. De nouveaux genres de musique émergent en France, portés par des médias qui suivent le vent qui tourne et embarquent le grand public dans ce revirement. Les eighties se démodent rapidement et par effet de syllogisme, Indochine est délaissé avec eux. Ajoutons-y le départ de Dimitri Bodiansky, qui doit se mettre au vert après dix d’activité intense. Et la célèbre parodie des Inconnus finit d’accomplir le méfait ! Malgré la déconfiture un reste de présence médiatique et surtout le noyau de fans fidèles permet au groupe devenu trio de garder le cap, qui prépare un nouvel opus pour succéder au dépaysant 7000 danses. Entre deux disques techno sort dans les bacs Le Baiser, et trouvera tout de même 200’000 preneurs.

Groupe
Retour au trio

Le Baiser est un album pur, authentique, composé de trouvailles acoustiques qui s’éloignent nettement de la new wave des années 80. La chanson éponyme sortie le mois précédent en single le présageait, les autres chansons de l’album le confirment. More est un exemple criant de ce nouveau virage artistique, avec son intro exotico-orientale et mystérieuse, cette mélodie-voix puissante, cette atmosphère ensorcelante et ces paroles abordant le thème de la drogue. La qualité d’un tel morceau est frappante et le travail fourni est remarquable, tant au niveau de la composition que dans le texte. A ce titre, Tant de Poussière est sublime. Ce plaidoyer contre la guerre porte une voix déchirante, teintée de grâce et d’espoir, soutenue par des touches de synthé justement dosées. La délicatesse dans la force du message, voilà la vertu des chansons du Baiser. D’autres sont plus légères, comme la féerique La Colline des Roses, ou la burlesque Soudain l’Eté Dernier, Je Suppose. Ce titre a la démarche étonnante de comparer la vision d’une plage en été aux déboires d’une société toujours en mouvement, avec l’absurdité comme ligne de conduite inassumée, le tout sur une musique toute excitée. Des compositions aussi pêchues, Dominik en a concocté plusieurs pour l’album, dont deux appelées à sortir en single, Des Fleurs pour Salinger et Punishment Park, deux chansons devenues emblématiques. Stéphane quant à lui honore l’album d’un instrumental court mais enjoué, Persane Theme. Un instru tout à fait dans le ton de cet album accompli. Le son bien qu’encore typé années 80 profite de l’allure épurée du Baiser pour donner un ton inédit à la musique d’Indochine, à profiter davantage sur les supports originaux.

Si Nicola s’est appliqué dans l’écriture de 7000 danses (ainsi que dans la pochette faite d’un assemblage de tissus dont il est l’auteur), Le Baiser révèle une implication forte de ses sentiments du moment. Des échappées de sa vie autant intimes que culturels, comme jamais il n’en avait tant fait le témoignage auparavant. Des textes assumés et très soignés, élégamment posés sur une musique noble.

10-singles
Les singles du Baiser

Le début des années, 90, c’est aussi le renouvellement des supports physiques, avec l’arrivée des CD et K7 audio, entre autres. Et pour rajouter encore du piment, Le Baiser se prête à l’exercice de l’édition limitée, qui offre à ses heureux acheteurs quelques bonus et un plus bel emballage pour briller plus fort dans la collection !

Concrètement, l’album se décline en LP, CD et K7. L’édition limitée du LP et CD ajoute à la pochette un fourreau aux lettres découpées, comme visible sur la photo. Le livret est également enrichi de papiers calques intercalés entre les pages affichant les membres du groupe. Bien avant La République des Meteors et Black City Parade, Le Baiser a aussi été emballé dans une luxueuse boîte promo incluant l’album en édition fourreau, accompagné du Maxi CD Le Baiser, d’une VHS contenant le clip et d’un livret avec biographie et photos. Un bijou pour tout collectionneur !