Stella Song

Né le 22 juin 1959 à Antony quelques minutes après Nicola, Stéphane est le dernier des trois frères Sirkis et comme il est bien souvent le cas, son destin est intimement lié à celui de son frère jumeau. Alors quand le groupe nouvellement monté par Nicola nécessite deux bras supplémentaires pour le premier concert fixé au 29 septembre 1981, Stéphane répond présent et met ses premières expériences de musicien à profit. Test réussi, et le voilà devenu quatrième membre embarqué dans l’aventure ! De son vivant, il est un révolutionnaire dans l’âme, un adepte du rock libre qui contraste avec son appartenance à un groupe à succès comme Indo. Ce rapport conflictuel n’a jamais été néfaste dans son travail avec le groupe mais un trouble le hantait, prenant la forme de mauvaises fréquentations dont il s’entourait au grand dam de sa famille. De triomphes en rechutes, sa santé décline gravement en 1998 et il ne peut assurer les concerts du Live Tour, avant de s’éteindre emporté par une hépatite foudroyante le 27 février 1999 à Paris. Dancetaria -alors en cours d’enregistrement- lui est dédié et parmi d’autres hommages, mentionnons le Stef concert, donné un après sa mort à la Maroquinerie à Paris durant lequel le groupe joue l’essentiel de ses compositions. Et depuis ce jour, tous les 27 février Indo.fr s’éteint au profit de la lueur d’une simple bougie, 24 heures durant. Pas besoin de titre posthume pour que l’on devine la profonde gentillesse qui était la sienne, tous ceux l’ayant côtoyé témoignent en ce sens, tous sans exception. Aujourd’hui Stéphane survit à travers Indochine et sa fille Lou, musicienne émérite trempée du même acier que son père et son oncle, et ainsi voit-il son œuvre continuer de vivre. Ne manque plus que la chanson à lui offrir au paradis.

Stef (bougie)

Electrastar a gagné son statut de titre intouchable, et pas seulement parce qu’il constitue un hommage vibrant à Stef. Avec le point d’orgue du Paradize Tour à Bercy et Nicola qui a reconstitué une équipe solide, Indochine a bien regagné le cœur du grand public et repart pour un avenir radieux. Lui, Oli, Peggy M., Gwen, Boris, Marco et Shoes nouvellement arrivé, ainsi que toutes les collaborations qui ont contribué au succès de Paradize… Toute cette bande d’artistes battant au rythme du rock tracent une nouvelle voie qu’empruntera Indochine pour les prochaines années. A la naissance de cette formation flambant neuve, Oli compose Electrastar, empreinte de cette touche indus propre au nouveau compositeur et quelques beats électro, mais c’est bien la puissance maîtrisée des guitares qui lui donnent toute sa majesté. Elles donnent un fond de mélodie qui fonctionne toujours, sans impression qu’elles se répètent. Il est remarquable de voir qu’ici la qualité de la chanson n’est pas due à son originalité, puisqu’il n’y en a pas, mais repose plutôt sur la qualité de la composition, l’authenticité et la sincérité sans artifice. La structure même du titre est très classique, laissant champ libre aux guitares qui peuvent ainsi délivrer ce qu’elles ont dans les tripes. Force accouplée à un texte presque solennel, unissant poings serrés les plus terribles des sentiments. Tantôt de la peur, poussant à la colère et à la haine envers le monde entier qui daigne continuer de vivre quand la mort s’est invitée dans notre vie. A l’apogée de ce voyage émotionnel naît une résignation, un deuil qui se fait naturellement, avec l’irrépressible besoin de dire au revoir. Voilà déjà une première forme d’acceptation, salvatrice à terme, qui rend les choses moins douloureuses pour celui qui reste. Peut-être celui qui part vit la même douleur, finalement, et le partage spirituel de la douleur transforme un peu l’absence en présence. En se disant que finalement rien n’est jamais un adieu, mais simplement un au revoir. Nicola voulait un texte intime, mais la musique l’a transposé dans une dimension bien plus haute, et tous les fans d’Indochine se la sont appropriée. Ce faisant, Electrastar est devenu un hymne fédérateur qui rassemble dans la musique et dans les cœurs la parole des hommes, le cri hurlant de ceux qui se ressemblent. C’est la chanson des héros, ceux qui survivent comme ceux qui tombent au combat.

Electrastar a reçu une mise en avant lors de la promotion de l’historique live à Bercy, fin 2003. Jouée sur presque toutes les dates du Paradize Tour, c’est sans surprise qu’on la retrouve aux concerts de Alice & June Tour. Les images projetées en concert sont du reste déconcertantes, entre un pastiche du logo d’une émission de téléréalité en 2003 puis un chaotique pot-pourri de tons gris en 2006, voguant d’un corps aux multiples visages à une chouette étrangement posée là. Quant à la période Meteor, elle est régulièrement jouée et le groupe présente une version acoustique notamment immortalisée sur le CD live Putain de Stade. Le Stade, il faudra justement l’attendre au cours du Black City Tour où la chanson retrouve sa forme électrique, enflamment brièvement les écrans qui surplombent la pelouse. Lou viendra tout de même la jouer sur scène avec Nicola le 27 février 2013 à Grenoble, le jour de la disparition du musicien. Enfin, le 13 Tour lui laisse une place de choix avec un solo guitare de Nicola jouée à toutes les dates de la première Vague. Il est vite devenu évident qu’à l’image de Stef et d’Indo, Electrastar dépasserait les frontières du temps et deviendrait un hymne intemporel, certes moins public que L’Aventurier, mais c’est de plus grande importance encore, il est l’intimité ouverte à tous les gens qui partagent le sort de leur propre vie avec celui du groupe.

Supports
CD single promo

Pour promouvoir 3.6.3, Electrastar a été distribué aux médias sous la forme d’un single promo. Contrairement à beaucoup d’autres, le CD n’est pas mono-titre puisqu’en plus de la version live jouée à Bercy, on y trouve la version album en deuxième plage. Rare entorse à la règle pour une chanson qui méritait de montrer ses deux faces.