Pamphlet junior

Avril 2009. La République des Meteors, onzième album d’Indochine, est sorti depuis un mois. La thématique centrale du disque s’apprête à plonger le public dans les souvenirs des poilus au cours d’une tournée qui s’annonce intense. Mais il reste plusieurs mois avant le premier concert, et avant de réengager le thème de la guerre Nicola veut régler des comptes sur un tout autre terrain.

En traitant de l’ambivalence sexuelle, des artistes français qui abritent leurs deniers en Suisse et de son penchant pour les snuff movies, Nicola pose un texte acide faisant office de plaidoyer et fait de Play Boy un titre insolite sur l’album. Rien que le nom dénote après un Republika ou la Lettre de Métal ! Pourtant il a toute sa place ici, où le chanteur s’érige en soldat d’une guerre d’actualité, moins sanguinaire certes mais plus perverse, avec un sentiment de colère spontané qu’il exprime de façon chaotique. Une colère contre l’hypocrisie, contre les faillites du système, qui ne sont pas si différents des prêcheurs de guerre qui délibéraient dans leur bureaux pendant que des soldats mourraient par milliers. D’autres étincelles de cette colère viennent du garçon à l’identité sexuelle floue dans un monde dont il ne comprend pas l’incompréhension, thème qui fait durablement écho aux fans d’Indochine.

Musicalement parlant, Indo dégaine un deuxième single tout aussi efficace que le premier. La musique plus électro que d’ordinaire met en avant les paroles lors des couplets avant de s’emballer dans un tournant plus rock sur les refrains. Play Boy est comparable à d’autres OVNI avant lui tels que Vibrator et Punker dont il partage la courte durée. Quant au clip, il est soigneusement ficelé, avec références aux personnalités visées de près ou de loin par la chanson. Comme dans la tête d’un enfant plein d’imagination, ces figures connues (Sarkozy, Johnny Hallyday et l’entité cléricale pour les principaux visés) passent de tenues en tenues, pour voir ceux qui leur siéent le mieux peut-être. Comme pour renforcer la thématique de la jeunesse incomprise, les images de ce clip énergique réalisé par le Québecois Patrick Boivin (qui enchaînera avec le clip du Lac) tournent autour de collages sur papier auxquels s’adonnerait un adolescent dans l’ennui, le tout sur un effet rétro habilement rendu grâce à une succession d’images saccadées et éraillées par le temps. Comme quoi l’ombre du Meteor n’est jamais très loin, en dépit de la modern touch que représente cette digression dans l’album.

Pendant le Meteor Tour, Play Boy était introduit par la troublante réplique d’un ado androgyne affiché sur les cinq écrans : « Aujourd’hui j’ai regardé un film pornographique. Avec ma mère. » ; de quoi se retourner le cerveau ! Plus discrète, la chanson fait une apparition dans le medley du Black City Tour.

Comme pour Little Dolls et presque tous les autres singles qui suivront, Play Boy ne bénéficiera pas de sortie physique, si ce n’est le single promotionnel. Dommage car la pochette relève d’un travail soigné qui méritait bien une distribution au public (en plus il y a les paroles au verso)!

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