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Sortir des albums dans l’indifférence, voilà le fléau d’Indochine dans les années 90. Le grand public ne savait simplement pas que le groupe était encore en activité. C’est au culot que Nicola décide de signer avec TF1 pour promouvoir Indo Live, et ça marche ! La pub TV fait son effet et les curieux se manifestent, relevant subitement les ventes de l’album. Indo gagne en visibilité et un single live vient aider à la promotion de l’album, constituée d’une reprise et d’un classique du groupe.

Ce n’est pas la première fois que 3ème Sexe sort en single live… puisqu’il est déjà sorti sur la tournée précédente ! De surcroît, un autre single extrait d’Indo Live vante lui aussi un tube du passé (L’Aventurier). Mais en période médiatique creuse, il ne semble apparaître d’autres choix que de s’aider des succès médiatiques passés, et cela n’enlève en rien à Indochine le mérite d’avoir créé beaucoup de nouvelles choses depuis.

3ème Sexe est précédé d’une reprise qui peut sembler étonnante en premier lieu, Mes Regrets de Michel Polnareff. Cette chanson sortie en 1968 en dit long avec ses paroles explicites bien que délicates, sur un fond de clavecin errant et des violons qui accompagnent l’interprète dans sa peine. Vingt-neuf ans plus tard, Nicola la chante en piano/voix devant un public au silence religieux, laissant toute liberté à ce duo émouvant. Puis la transition s’opère de façon presque magique, rien qu’au piano de Jean-Pierre Pilot qui s’élance dans une mélodie ascendante avant de redescendre sur les notes de 3ème Sexe, suscitant l’enthousiasme du public présent dans l’enceinte de l’Ancienne Belgique de Bruxelles. La mélodie de Dom est entonnée en chœur, comme il y a trois ans à Spa, dans la fièvre indochinoise qui se réveille jour après jour, ou plutôt nuit après nuit.

Indochine a effectué de nombreuses reprises au cours de sa carrière, et certaines ont même fait l’objet de single. Outre Mes Regrets, mentionnons You Spin Me Round de Dead or Alive en 2007 (la même année, ils reprendront aussi Rock’n’Roll Queen des Subways), ou encore Smalltown Boy de Bronski Beat en 2002 lors du Paradize Tour. En live, on entendra en 2018 One Way of Another de Blondie ou encore ‘’Heroes’’ en 1999 puis en 2016, alors en hommage à David Bowie disparu quelques mois plus tôt. Oui, ce sont beaucoup de titres de pop anglaise, et assurément parmi les meilleurs de ce précieux répertoire qu’Indochine a bien raison de remettre en lumière, mais Nicola cultive aussi un certain goût pour quelques standards de la chanson française. Il y a bien sûr eu L’Opportuniste de Jacques Dutronc dans ses jeunes années (et quinze ans plus tard Et moi, Et moi, Et moi du même chanteur) ainsi qu’Un Eléphant me Regarde d’Antoine lors de la période Rose Bonbon, ou encore On Ira Tous au Paradis en duo avec Marc Lavoine en prestation TV au début des années 90. Beaucoup plus récemment, Nicola a repris Hexagone et Petite Conne sur des albums hommages à Renaud, participation rare venant du chanteur d’Indo qui en dit long sur l’admiration de ce dernier pour l’interprète de Docteur Renaud, Mister Renard. C’est en milieu de carrière qu’Indochine enregistrera le plus de reprises : Road to Nowhere de Talking Heads, Come as You Are de Nirvana, Wonderwall d’Oasis (chanté par Boris!) et Seasons in the Sun de Terry Jacks. L’ironie de ce dernier, c’est qu’il s’agit déjà d’une reprise, Le Moribond de Jacques Brel, confirmant malgré les apparences l’affection de Nicola pour les chansons francophones. Le pop/rock anglais n’en reste pas moins la première influence du groupe, comme le témoignent les titres choisis pour être joués chez Taratata : Rebellion (Lies) d’Arcade Fire, Rebel Rebel de Bowie ou encore Personal Jesus de Depeche Mode.

La règle n’échappe cependant pas à ce single live, il demeure un objet rare comme tous les autres issus de la décennie. Deux pressages existent, un premier portant l’identification PY 901 et la date 05 FEB 98 gravé sur le disque. Le second se distingue par le code PY 122, une couleur imprimée sur le disque plus fade et une date ultérieure (15 APR 98). Le plus intéressant n’en demeure pas moins leur point commun : des indications bien marquées dans leur époque, la seconde moitié des années 90, avec la configuration minimale de l’équipement informatique nécessaire pour lire le clip gravé dans un format oublié.

La première piste est une version raccourcie où 3ème Sexe n’a qu’un couplet, pour adapter la durée au format diffusable en radio. La seconde correspond à la version entière, extraite de l’album Indo Live, mais il semble que le morceau ait tout de même été retouché pour améliorer le rendu sonore général, au détriment d’une authenticité déjà bien entamée au demeurant. Le single comporte en outre la plage vidéo lisible sur PC mentionnée plus haut, qui n’est ni plus ni moins que le clip live extrait du concert. Moins pire que la vidéo de douze minutes proposée sur le CD-ROM de Nuits Intimes, on restera tout de même dubitatif face à la qualité du rendu vidéo qui rend peu honneur à l’œuvre. C’est pourquoi j’ai préféré les captures d’écran du DVD Indo Live pour illustrer cet article !

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