Dracocide
Kao Bang devait être le premier single du Péril Jaune à sortir, compte tenu de son efficacité et de son style bien assumé. La new wave plante ses griffes partout en Europe et cette chanson, tirant son nom de la ville Cao Bằng au Vietnam, surfe totalement sur cette mouvance tout en y posant son empreinte exotique qui lui donne tout son charme. Le 45 tours sorti en avril 1984 cartonne en Suède, où le groupe s’était déjà fait connaître avec le succès local des précédents singles. L’occasion est trop bonne de boucler la boucle quand, en avril 2015, Indo interprète le titre à Stockholm à l’occasion de sa tournée européenne.
D’ailleurs, Kao Bang a aussi résonné à l’unisson dans l’enceinte du Stade de France, en 2010, et c’est sans une ride et avec tout autant de plaisir que le couvert est remis sur le 13 Tour en 2018. Preuve en est que Le Péril Jaune n’a pas vieilli dans le cœur des fans. Rien d’étonnant venant de cette chanson pétillante que l’on a vue devenir intemporelle au même titre que les autres hits du groupe. La guitare de Dom fait mouche tant dans la mélodie que dans les mesures rythmiques reconnaissables entre mille, et Nicola participe à la réussite de la recette avec des paroles épiques dans les couplets et un hymne vif qui sert de refrain fait pour être scandé à l’unisson. Dimitri appose aussi sa touche avec quelques notes de saxo pour compléter un tableau fort coloré, mais mon passage préféré se situe au niveau du pont qui succède au premier refrain. Ce court passage bardé de nappes résonantes procure une épaisseur bienvenue à la chanson qui s’avère très légère en dehors, et mine de rien ce complément paraît indispensable, après coup. A noter de grandes différences entre la version single et album, ce dernier étant plus long avec une intro travaillée, tandis que le remix single invite le percussionniste Arnaud Devos pour pimenter la chanson, une rencontre aussi fructueuse que décisive pour l’album et les lives de la période 3.
Quant aux paroles, le récit nous conte l’humeur guerrière d’une petite fille qui se bat ardemment contre les vils méchants afin de défendre son village. En vérité, cette fille est inspirée par la tristement célèbre photo de Kim Phuc, cette malheureuse petite Vietnamienne brûlée au napalm en 1972. Le thème est donc bien moins jovial qu’il n’y paraît, mais Nicola le tourne dans une version plus heureuse et humaniste, comme un conte pour enfants où la gamine revancharde accablerait ses tourmenteurs en brandissant son sabre et en enfermant les dragons dans une cage. Cette rixe bien qu’à prendre au second degré semble matérialiser les pensées d’un être humain comme il en existe des milliards : sage en apparence, mais plein de fougue et animé d’une furieuse envie de distribuer des marrons. Il n’y a rien d’exceptionnel à vouloir se battre quand rien autour de soi n’a l’air de tourner rond, et la vision n’en est que plus motivante quand elle se déroule sous le soleil radieux que l’on imagine de l’autre côté de la planète. Comme les aventures d’un Bob Morane l’année précédente, les contrées de l’Asie sauvage renouvelle la recette avec pertinence et talent, certes sans un succès commercial aussi probant, mais à l’ambition artistique bien en phase avec la pleine énergie du groupe, alors en pleine ascension.
Cette vision aurait pu donner un beau clip mais les fonds qui devaient être débloqués par la maison de disques ne seront finalement pas disponibles et le groupe devra se contenter d’un enregistrement live à La Vilette de Paris le 21 juin 1984. Mais la première version, tournée par une équipe bruxelloise, est une catastrophe et personne ne veut diffuser le clip. C’est là qu’intervient Christophe Sirkis, le frère aîné de Nicola et Stéphane, qui fait revenir le groupe sur la scène de La Vilette pour de nouvelles prises. Disons-le, même avec des améliorations cette vidéo demeure très kitsch, plus encore que pour Miss Paramount, mais vous vous ferez bien une idée vous-même !
Nombreuses sont les versions du 45 tours, sans compter le Maxi et les divers promos. Ils ont par contre tous la version album d’Okinawa en commun, tandis que Kao Bang a été retravaillé dans de nouveaux mixages. La version 45t est la plus courte, et la plus connue est celle du Maxi que l’on retrouve dans une forme presque identique sur le Birthday Album, sur Unita et sur le Singles Collection. Certaines éditions Maxi et promo étrangers étaient accompagnés d’un feuillet promotionnel.
Sans conteste l’un des meilleurs titres d’Indochine première période. Tout est fait pour que ce titre devienne rapidement addictif. Le riff bien senti (encore une fois) de Dominik et les paroles simples et faciles à reprendre en chœur de Nicola s’allient parfaitement. Cet hymne dansant est une vraie réussite. Bizzarement, j’ai toujours préféré la version album au single et de loin. L’intro et l’outro avec cette architecture sonore de claviers est un régal.
Concernant le clip, j’ai lu ici et là, il y a plusieurs décennies qu’il était composé d’extraits du concert donné à la Foire au Vin de Colmar en 84 ?
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Oui entre autres. A mon souvenir Christophe a mixé avec d’autres dates mais la FàV constitue la majeure partie des images.
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