Acropole

Le Black City Tour est en marche, et Indochine entend réitérer la grande célébration dans l’enceinte du Stade de France, la première le 26 juin 2010 ayant été une grande réussite! Et puisque le groupe vise toujours plus haut, autant y mettre les bouchées doubles : ce ne sera pas un concert qui aura lieu mais deux, le vendredi et le samedi. Et l’on s’aperçoit vite que le dédoublement s’imposait, eu égard aux gigantesques moyens débloqués pour ce show au point culminant du Black City Tour. Le premier est annoncé au cours d’une conférence de presse le 4 avril 2013, sans qu’aucune indice ne présage une seconde date (quoique le choix d’un vendredi laissait planer le doute). C’est le 20 octobre suivant que Nicola annonce au cours du JT du soir l’ouverture des ventes pour une seconde date. Ainsi les Black City Concerts feront de nouveau vibrer le stade, le 27 et 28 juin 2014, pour deux concerts au-delà de toutes les mesures.

Indochine a par ailleurs signé avec France Télévisions pour l’événement. La collaboration permet la diffusion d’un reportage dix jours plus tard sur France 2, mais surtout celle du concert presque entier le 18 décembre 2014 sur la même chaîne. La question d’une sortie vidéo est alors posée, à laquelle Indo ne répondra favorablement qu’un an plus tard. Un an et demi s’écoule alors entre le concert et sa sortie live, un écart record mais justifié de par l’intensité et la longueur de la tournée. Et puis, il faut bien du temps pour mettre en boîte un tel show…

De l’avis général, celui-ci est à la hauteur des espérances, avec une setlist bien choisie et une scénographie qui respecte l’ambiance BCT tout en l’adaptant au gigantisme du stade. Point de serpent contrairement aux concerts en zénith, l’infrastructure de l’endroit rendant la chose impossible, mais cette absence est compensée par une reconstitution des immeubles de la ville noire « grandeur nature » et la fameuse Fernsehturm de Berlin, tour iconique du visuel de l’album, ainsi que trois grands écrans convexes et une avancée à la forme du logo de la tournée. Aux grandes ambitions les grands moyens, pas moins de 57 semi-remorques ont été nécessaires à l’acheminement de ces décors et de la technique ! Mais le concert veut prendre son temps, et son intro sur Trashmen II (dans une version alternative à celle jouée dans les salles) joue sur l’humour avec une simple vidéo réalisée par Ki Studio où les membres vieillis retrouvent un à un leur jeunesse grâce à un étonnant procédé de morphing. L’intro est moins spectaculaire que celle de Putain de stade, mais aussi moins pesante, pour un concert qui se veut plus léger que son prédécesseur. D’ailleurs les premières images sont celles d’un reportage TV relatant le trafic perturbé autour du stade en raison du concert ! Ces deux soirs sont bien placés sous le signe de la fête.

Electrastar ouvre les hostilités après des premières notes suggestives, et le retour de cette chanson est bienvenu après avoir manqué la tournée des salles. La suite est plus fidèle mais avec quelques bonnes surprises. Traffic Girl inonde l’enceinte du stade de confettis depuis de grands poupées gonflables dispersées sur la pelouse tandis que Belfast rappelle l’énergie des concerts indoor, de même que reviennent Kissing My Song, Atomic Sky et Miss Paramount. Du côté des changements, Stef II remplace Little Dolls pour un moment 100% rock’n’roll, et Mao Boy s’invite le samedi dans sa forme électrique ! La présence des écrans oblige la production à diffuser plus d’images qu’auparavant, comme ce bel effet de vitraux pendant J’ai Demandé à la Lune et les motifs psyché du Black City Club. Les sessions plus intimes proposent un piano/voix inédit du Grand Secret et une version acoustique de Dunkerque.

Lorsque la nuit tombe, le très attendu Black City Parade s’invite enfin dans le spectacle et fait trembler les immeubles de la scène via un superbe effet de mapping, jusqu’au fatidique riff de Boris qui fait tomber le reste des murs. La vue nocturne qui se présente au public est alors stupéfiante, mais une photo vaut mieux que mon discours. Wuppertal est aussi un grand moment du concert que j’ai pris le soin de détailler dans un article dédié à la chanson, mais l’idée générale de cette deuxième partie du concert est de présenter des tableaux longs et soigneux dans leur mise en scène. C’est ainsi que Marilyn élève au sein de la pelouse la croix Paradize dans sa couleur rouge néon, et que 3 Nuits par Semaine se targue du plus long interlude de toute la carrière d’Indo, et pour cause : Nicola honore la tradition de parcourir le public le plus au fond du stade, ce qui nécessite l’intervention d’un véhicule pour le rallier tandis que le bougre vient fendre la foule pour revenir sur scène ! Quant à son intro, c’est là l’occasion de tester une nouvelle idée : l’allumage de bâtonnets lumineux dans les gradins dans le subtil dessein d’illustrer le logo du BCT, même si l’effet est hélas peu perceptible dans son rendu final. En revanche l’intro de L’Aventurier fait sensation puisqu’elle ose l’usage de torches qui embrasent peu à peu le toit du stade avant de revenir sur la scène pour une pluie de feu grand format. L’image de la détonation est complète, préfigurant l’assaut final où les balayages de spots lumineux n’en finissent plus d’inonder l’enceinte du stade. Le spectacle pyrotechnique a tenu ses promesses, au paroxysme d’un Black City Tour flamboyant qui a livré ses dernières cartouches. La pluie du soir du 28 n’aura rendu le concert que plus intense encore, et le groupe avait de toute manière pris les devants en se protégeant sous un abri pour ne pas subir les aléas de la météo. La vidéo se conclut sur un générique de fin moderne où s’esquissent les notes d’un futur morceau…

Les critiques sur le live précédent ont été entendues, ici la captation est de bien meilleure qualité ! Meilleur son et meilleures images notamment grâce à l’utilisation d’une spidercam qui permet des vues plongeantes très réussies sur l’ensemble du concert. Difficile d’imaginer que l’équipe de production soit la même que pour la captation du Palais 12 de Bruxelles, mais l’on ressent les effets d’une meilleure application et peut-être d’un équipement plus adapté. L’idée saugrenue de couper le concert par les impressions des fans n’a heureusement pas été réitérée, et la vidéo a de plus la bonne idée d’alterner les deux dates, tout en prévenant des passages de l’une à l’autre afin de ne pas déconcerter le spectateur et mettre en valeur la dualité de l’événement.

Black City Concerts sort dans les mêmes conditions que Black City Tour : CD, DVD, Blu-Ray (avec une pochette à l’effet lenticulaire), pack vinyle et tour cylindrique regroupant la quasi-totalité des supports. Il a été reproché la répétition opportune du style du coffret, mais c’est nier que le but est de pouvoir assembler les deux tours dans un souci de cohérence vis-à-vis de la tournée. Le DVD/Blu-ray contient quelques bonus dont les reportages sur la préparation du concert, la cocasse fausse pub jouée par Nicola pour sa promotion («euh, c’est-à-dire?») ainsi que des titres absents de l’enregistrement principal, dont Alice & June.