Métempsy
La période noire continue pour Indochine. Un Jour dans notre Vie et Radio Indochine peinent à se vendre, Dominik Nicolas est parti, les médias ignorent effrontément le groupe et les radios éclipsent les groupes de rock les uns après les autres pour noyer la France sous le rap et les boys band, plus vendeurs. Pour couronner le tout, la maison de disques menace de les jeter… Ces années noires n’empêchent pas la compilation Unita de bien se vendre, et offre à ses acheteurs un inédit de poids, Kissing My Song, alors à paraître sur l’album suivant. Mais le salut vient surtout de la scène, avec un public de fidèles toujours au rendez-vous, et cela suffit à inciter les frères Sirkis à poursuivre l’aventure. Afin de ne pas se retrouver à travailler en tête-à-tête, ils engagent un guitariste, Alexandre Azaria, et Jean-Pierre Pilot pour les claviers. Les Sirkis et Azaria composent à trois et, sans le savoir, posent avec leurs nouvelles créations la première pierre de l’Indochine 2.0…

Wax (du nom de la cire que mettent les surfeurs sur leurs planches!) sort en novembre 1996. C’est un album ouvert, lumineux, fort de treize chansons qui n’ont pour le coup rien à envier aux compositions de Dominik Nicolas ! Cela commence par Unisexe, une chanson purement rock parée d’une intro empruntée à Surf Rider, qui ensuite se soustrait au profit des guitares électriques. Cette ouverture brille par son fraîcheur et désormais l’on sait que, quoi qu’on en dise, Indochine n’est pas mort. Ou s’il l’était, il vient de renaître. En plus d’apporter un son neuf, Wax innove en variant les styles et les couleurs et la seconde piste, Révolution, en est une parfaite démonstration… c’est un gospel ! Démarche osée, mais réussie, cette chanson très mélodieuse déploie des chœurs pour accompagner la voix du chanteur, tandis que le piano rejoint les guitares et la basse dans un tableau final très entraînant. Le premier single Drugstar porte haut les couleurs de Wax, où des adolescents saccagent la maison une fois que les parents tournent le dos, sur une musique tonique et très joueuse. C’est la première chanson entièrement créée par Nicola.
Les autres titres de l’album, moins percutants, n’en demeurent pas moins réussis. Les Silences de Juliette, composée par Stef, est une chanson très intime dans l’élaboration de sa musique, à écouter les yeux fermés dans son salon. Je N’Embrasse Pas raconte une histoire romantique empreinte de rêverie et de mélancolie prenant place sur les quais d’un port fantasmé. Echo-Ruby est très populaire auprès des fans, probablement pour ses paroles qui sont celles vécues par beaucoup de gens. L’Amoureuse est à l’inverse peu appréciée, mais je résiste difficilement au parti pris de sampler une musique issue des Diamants sont Eternels ! Enfin, Peter Pan clôt le disque, sur un air très pop mais dont on constate vingt plus tard que la production a mal vieilli. C’est le problème de cet album, richement fourni mais desservi par un son un peu plat en raison du manque de moyens à l’époque, et qui aurait donc tout à gagner s’il était refait avec les moyens d’aujourd’hui.

Les chansons étant très éclectiques, c’est par la thématique des textes qu’elles sont unies. Plus que jamais, Nicola parle d’un sujet qui l’affectionne, l’adolescence, la découverte de soi et du sexe, et le distille un peu partout dans Wax. Pratiquement tous les titres y ont trait, de près ou de loin, et Peter Pan trahit quelque peu son auteur qui y avoue, bien qu’on s’en sera douté, vouloir être éternellement jeune. Ainsi il se glisse dans la peau d’un jeune garçon dans Révolution et nous fait rentrer dans l’intimité de sa famille qui se déchire sous ses yeux. Les paroles de Ce Soir, le Ciel semblent suggérer la mort puis la résurrection, pour entamer une nouvelle jeunesse. Voilà ce qu’est Wax, une nouvelle jeunesse, un nouveau départ, et dans le hasard autant que dans l’inconscient de ses auteurs le premier album du nouvel Indochine. Une renaissance personnelle, artistique, en attendant celle médiatique…
Kissing My Song sonne un peu différemment dans l’album que sur Unita, pour coller davantage à la production de Wax. L’album est disponible à l’époque en CD et K7, puis en vinyle vingt ans après, dans le cadre des rééditions d’albums sous Indochine Records. Si Le Péril Jaune demeure la remastérisation la plus intéressante, Wax figure aisément en deuxième position quand on constate le travail de Chab entendu sur le CD sous digisleeve sorti en 2017 : la production assez froide d’origine est désormais plus percutante, plus chaude. Pas de miracle en vue mais tout de même une excellente mise à jour sonore qui offre à Wax un nivellement par le haut, rendant justice à l’oeuvre de l’époque. Comme pour les trois autres opus des années 90, si l’album est trouvable chez votre disquaire préféré, les singles ont été nettement plus confidentiels à leur sortie…

Par essence tout avis est subjectif…mais Wax est pour moi le plus mauvais album d’Indochine. Quasiment rien à sauver. Long, ennuyeux , plat et ces textes parfois (le génant mire-live) 😳…Lorsque je l’écoute, c’est à dire, très rarement, ce sont pour les splendides Ce soir, le ciel, Je n’embrasse pas et les Silences de Juliette. Trois titres sur treize, la récolte est plutôt famélique. Je me suis toujours demandé si consciemment ou inconsciemment le départ de Dominik Nicolas n’était pas étranger à cette situation. C’est vraiment ma passion pour Indo, les souvenirs liées au groupe qui ne m’ont pas fait lâcher l’affaire des jumeaux en 1996…Le magistral Dancetaria fut donc un choc salvateur.
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Il est vrai que ce n’est pas l’album le plus profond du groupe mais je lui trouve une belle énergie, une légèreté bienvenues 🙂
Beaucoup de titres sont vraiment bons, parfois même audacieux dans leur demarche comme le côté gospel de Révolution, ou l’emprunt à d’autres morceaux samplés dont l’univers semble éloigné du groupe (l’intro de Surf Rider sur Unisexe, la morceau d’un vieux James Bond dans L’Amoureuse,…).
Le rock juvénile d’Unisexe est un régal, de même que l’entêtant Drugstar et même la pop un peu sucrée de Peter Pan j’aime bien !
Non vraiment ce Wax a son truc qui le rend particulier et savoureux dans la discographie d’Indo !
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un de mes album préféré d’Indo je rêve réellement de le l’ entendre jouer live sur scène!!!
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