L’enceinte de Lapis-lazuli
Début 2006. Indochine fait savoir qu’un événement spécial sera organisé pour célébrer les 25 ans du groupe, et en dépit des médias fouineurs et des rumeurs le secret aura été tenu jusqu’au bout ! Et la surprise est de taille quand l’info est révélée au grand jour : Indo relève le pari du concert symphonique, et de surcroît à l’autre bout de la Terre ! C’est à l’opéra de Hanoï, capitale historique du Vietnam, que le groupe se produira aux côtés de l’orchestre symphonique local. Malgré les difficultés logistiques survenues lors de leurs préparations, les deux concerts gratuits donnés le 6 et 7 juin 2006 (initiales 6.6.6) récoltent les honneurs et font l’objet d’une captation live pour un futur DVD, tandis que le groupe repart sur les tours de l’Alice & June Tour.
Il aurait été bien regrettable de ne pas les immortaliser, ces deux concerts, tout à fait uniques dans la carrière d’Indo. Uniques tant par le lieu du concert que par le travail musical qui y a été fait. La préparation s’est faite en collaboration avec Xavier Rist, chef d’orchestre français qui dirige l’orchestre devenu naturellement médiateur entre le groupe et les intervenants vietnamiens. Celui-ci écrit les partitions, supervisées par le groupe seulement une fois arrivé sur place, avant d’entamer des répétitions dont les premiers essais furent laborieux, au point de mettre le projet en péril. Mais comme par miracle la machine se met enfin en route et les deux formations finissent par s’accorder. Et la magie opère, les chansons se mettent à vivre sous une forme nouvelle, les anciennes comme les nouvelles, dans l’harmonie des plus enlevées.
Après un discours d’introduction, le concert démarre avec l’orchestre qui entonne une ouverture symbolique, celle du Péril Jaune, qui n’avait plus été interprétée depuis… 1984. Une ouverture rallongée et amplifiée par l’acoustique pénétrante des cordes et des cuivres, laissant à l’orchestre l’occasion de se chauffer et d’afficher ses ambitions. Puis le groupe arrive et les chansons s’enchaînent, surprenantes dans leur nouvelle configuration. Ceremonia ouvre le bal avec son pont instrumental puissant, Salômbo prend le relais et inonde la salle d’un intro automnale avant les premières notes du piano de Matu, Justine enfin désamorce cette ambiance monastique de sa frêle mélodie. Sweet Dreams, chanson que je trouve plate d’ordinaire, prend beaucoup d’épaisseur dans sa forme symphonique grâce aux cuivres, tandis que les cordes et les percussions élèvent Pink Water au firmament.
Viennent alors les classiques du groupe, qui surprennent encore davantage les fans de la première heure à l’écoute des tubes pop/rock sous un jour nouveau. Et au Vietnam en plus, comme pour revenir aux fondamentaux. Le durassien 3 Nuits par Semaine réduit son tempo mais gagne quelques couleurs, et on en profite pour écouter Nicola chanter le refrain, ce n’est plus si souvent ! J’ai Demandé à la Lune gagne également en grâce dans une version transcendante. Puis trois grands standards se succèdent, comme si le final était déjà arrivé. Tes Yeux Noirs est la version acoustique la plus complète qu’Indo ait jouée dans sa carrière, avec son intro printanière (effet de miroir avec Salômbo?) et ses violons angéliques, alors que 3ème Sexe se livre à un jeu espiègle entre Nico et les musiciens. A Paris comme à Hanoï, L’Aventurier constitue le final explosif qui ne perd rien de son énergie malgré des concessions accordées à l’ensemble symphonique. Et parce qu’on est en plein Alice & June Tour, le concert symphonique s’achève sur la douce Talulla, sans montée de fans sur scène pour le coup.
En deuxième partie de concert, l’orchestre s’éclipse pour laisser Indo montrer au public vietnamien de quoi sont habituellement faits leurs concerts. Huit titres composent alors l’Hanoï rock, dont certains exclus de la setlist enregistrée de Lille en Mars tels que Les Portes du Soir et le poignant final Starlight. C’est donc une chance de les avoir ici, même si leur rendu n’est pas aussi bon que sur l’enregistrement de Lille. A l’inverse notons l’absence du medley de trois titres pourtant joués à Hanoï (setlist ici) qui n’ont pas été retenus pour des raisons inconnues. Qu’importe, les morceaux emblématiques d’Alice & June sont là et concluent cette date à l’aura définitivement unique dans l’univers indochinois.

Le live sort le 19 février 2007 en CD et DVD, tous deux avec une édition limitée sous la forme d’un sobre et élégant digipack. Celui du CD ajoute les huit titres rock par rapport au standard, et celui du DVD inclut un reportage immersif sur les coulisses de l’évènement et un documentaire baptisé Un flirt sans fin revenant non sans style sur les 25 ans de carrière du groupe. Quant au contenu principal, soit la captation presque intégrale du concert, les moyens d’enregistrement très limités donnent une image très sale et aléatoire sur toute la vidéo, faiblesse que l’histoire a transformée en véritable cachet artistique propre à l’identité de ces deux concerts exceptionnels.

Je recherche le nom du photographe qui a réalisé le portrait sur la pochette de couverture du CD/DVD Hanoi et du single Salombo. Est-il indiqué dans la notice ?
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