Phantasm

Stéphane a laissé derrière lui des travaux de composition remarquables pendant les sessions de Dancetaria. Des mélodies aux sets de guitare, tout avait déjà été imaginé et mis sur maquettes et il ne restait plus qu’à en concevoir les arrangements afin de publier ces nouvelles chansons. Nicola étant logiquement passé en stand-by, le travail revient à l’ingénieur du son d’ICP, Phil Délire, à Jean-Pierre Pilot et surtout à oLi De SaT qui s’occupe de presque tous les arrangements de l’album. Les morceaux prennent forme, et seront finalement bien rendus publics en mémoire de son compositeur parti rejoindre les cieux. Atomic Sky, justement, est l’une de ces chansons, ainsi que l’émouvante She Night. Et puis, il y a celle qui a conservé tels quels certains aspects originaux de la maquette, y compris jusqu’à son nom : Stef II.

Il y a aussi cette espèce de bruit de ressort qui a été conservé, et ce n’est pas peu dire qu’il a été intégré de façon très brute ! Mais Pilot a su habiller la chanson tout autour de ce son caractéristique et c’est finalement une grande réussite. Stef II est un morceau pop/rock terriblement exaltant, qui invite à bouger d’entrée de jeu et ce jusqu’à la fin, avec des temps morts étudiés pour relancer la musique aux moments les plus opportuns. Pilot entonne une rythmique au piano en fin de morceau qui fera son petit effet en concert, surtout pour rallonger le morceau dont il se fait la passerelle. Mais le meilleur du titre se trouve au milieu, quand les guitares poussent un crescendo infernal avant de faire exploser le refrain suivi de ses enivrantes vocalises. Diabolique cocktail pour l’un des morceaux les plus entraînants d’Indochine, peut-être même le plus dansant d’entre eux ! C’est sans surprise que le morceau offre un joyeux moment en live, avec sa cadence rock serties de ses plus belles lignes de basse. Au-delà du Dancetaria Tour, Stef II jouit d’une adaptation acoustique fidèle pour les Nuits Intimes, s’offrant même un retour électrique sur les trois ultimes de la tournée, à la Cigale en 2001. Le Paradize Tour prolongera l’essai en 2002, mais sa version la plus retenue est son réjouissant passage sur le Club Paramount de 2007. Un astucieux tour de passe-passe établit alors un pont au piano entre Popstitute et la rythmique citée plus haut dans le paragraphe, et ça marche du feu de Dieu ! Il faudra ensuite attendre l’été 2014 pour réentendre ce single, d’abord au Stade de France puis sur les festivals qui ont suivi les Black City Concerts. La chanson remplace alors Little Dolls.

Les paroles, c’est du pur Nicola, le garçon qui nourrit le rêve sempiternel d’initier une fille à l’amour, en parallèle à ce jeu d’inversion entre le garçon et la fille que Le Grand Secret traduira de manière plus objective. Le clip va dans ce sens, où l’on sent cette fois un avant-goût de Marilyn avec les cinq membres du groupe qui se prêtent au jeu de piocher dans la garde-robe de leur copine respective. Effet garanti, avec une telle bande de musiciens osant la robe sexy, les gants de ladies et même la perruque ! Mention spéciale à Pilot qui se la joue Mylène Farmer, Marco sous des airs de Régine blasée et bien sûr, Boris n’est pas en reste. Il est presque flatteur pour le public de voir les membres du groupe accepter de jouer le jeu de Nicola à ce point, car ils contribuent à renforcer l’identité et le maintien des valeurs du groupe quant au respect des sexes. Les images alternatives de deux filles en pleine relation charnelle appuient l’idée, cependant les supports de diffusion ne l’entendront pas ainsi : le clip sera diffusé en version censurée. Provoc’ quand tu nous tiens ! Nicola défendra l’idée du titre à la télévision comme il fera de même pour College Boy des années plus tard, et le clip s’offrira tout de même quelques diffusions sur les chaînes de musique en fin de soirée. De quoi admirer les plans dynamiques de cet excellente vidéo tournée par Yves Bottalico, qui signe sa première collaboration notoire avec le groupe.

C’est la première fois qu’un single d’Indochine recèle non pas un, ni deux, mais trois remixes, au point que le troisième n’est même pas mentionné sur le verso ! Ils ont tous été réalisés par Oli (comme l’indique le verso du single), et pas étonnant que son travail l’ait conduit à composer l’album suivant tant il éprouve ici son talent. Le Noise Mix est une petite bombe versant dans le trance/électro/rock limite trash, que je recommande au plus vite d’écouter. Le Ghost Mix porte bien son nom, replaçant les vocalises originales dans un espace à l’ambiance résolument spectrale. La piste cachée, le Power Mix, est à la lisière des deux précédents. Plus agité que le Ghost mais moins cinglant que le Noise, c’est une autre variante qui trouvera facilement grâce auprès des amateurs. Quant à la piste standard, il s’agit d’une version légèrement découpée au niveau du pont pour parvenir plus vite au refrain.

Supports1

Outre le single sorti en Belgique et quatre mois plus tard en France, il existe un support promo canadien très rare, distribué dans un boîtier sans pochette et doté d’une illustration différente sur le disque.