Des deux côtés de la nature

7000 Danses a moins de succès que 3, c’est un fait, mais le groupe n’a rien à se reprocher. C’est un album riche, témoin de la capacité d’Indo à évoluer et à affiner son style, et qui n’a pas besoin de chansons tubesques pour prouver qu’il est de qualité. Car en dehors des Tzars, aucune chanson n’a à mon sens l’intime ambition de devenir un succès très grand public après l’ouragan 3. Et ce n’est pas la deuxième chanson à sortir en single, La Machine à Rattraper le Temps, qui me contredira.

Et l’on retrouve dans cette morceau une ambiance sauvage, à commencer par la séquence d’introduction où une image de nuées, de ronces et de marées saute à la gorge. Mais la musique se délie très vite, et les guitares de Dom s’élèvent dans un superbe effet de résonance. C’est du moins le cas dans la version single où cette séquence a été judicieusement mise en avant. Le refrain et sa mélodie ponctuent la chanson et font systématiquement mouche, entre deux variations qui donnent à la chanson tout son raffinement, aux grands renforts des couplets riches de douceur et de sensualité.

A cette sensualité s’ajoute l’autre élément phare de la chanson, la plus à même de faire couler d’encre, que sont les paroles. Et Nicola n’y va cette fois pas de main morte : « Par derrière, par devant », « Je l’apprends et elle m’éprend »… Mais l’absence de mots crus et la tonalité poétique de la chanson éradique toute idée de censure et au bout du compte, la petite dose de provoc de Nicola passe sans histoire. Ce texte trouve sa genèse dans la lettre d’une fan de quatorze ans reçue par Nicola dans laquelle elle lui fait part de son « fantasme », celui de fabriquer une machine à rattraper le temps afin de vieillir plus vite et rencontre son idole d’égal à égal. Touché par cette confession pour le moins originale, Nicola laisse son imagination broder le reste avec la touche sensuelle et exotique tant inhérente à Indochine, fantasmant à son tour l’auteure de la missive en créant le personnage de Vendredi, du livre Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier. Le clip, réalisé par Stéphane Clavier (le frère de Christian, si si!) ne se risquera pas à retransmettre ces paroles érotiques puisqu’il se contente de filmer les quatre membres du groupe dans un grand complexe industriel délabré, passant d’une pièce à une autre en jouant de divers instruments. L’entrain de la chanson donné dans un lieu aussi retiré du temps, qui n’est pas sans évoquer le style farmerien, apporte néanmoins son lot intéressant de nuances et de poésie. La vidéo n’en demeure pas moins simple et l’on en appréciera surtout l’esthétique de part l’effet sépia qui colore l’image. La pochette du 45 tours rejoint cette mouvance, usant cette fois d’un herbier mais dont les couleurs ne rappellent pas moins l’automne. Après l’été 3, cette vision est presque avant-gardiste sur l’avenir du groupe.

La chanson a été régulièrement jouée en concert, avant d’être quelque peu abandonnée par le groupe. Sa dernière apparition date du Paradize Tour, et encore, celle-ci était fragmentée dans le medley de la tournée.

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Ambiance Un Ange à ma Table ?

La Machine sort en 45 tours et Maxi 45 tours dans des versions différentes de l’album. Celle du 45 tours est la plus courante, celle qui va le plus droit à l’essentiel et confère à La Machine sa version la plus énergique, la plus propre à devenir le second tube idéal après Les Tzars dont il est le successeur direct. Quant au Maxi, la chanson s’étire considérablement et joue des quelques séquences redisposées tandis que la face B, Un Grand Carnaval, en profite au passage.

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Ce single est le dernier d’Indo à sortir exclusivement en vinyle