11 mai 2023 – Concert au Roundhouse à Londres

Concert exceptionnel en marge des festivals comme il y a neuf ans (14 juillet 2014, vous souvenez-vous ?), la date du 11 juin 2023 augurait un nouveau rendez-vous privilégié entre fans acharnés faisant le voyage, expatriés sur le territoire anglais et quelques fans anglophones heureux d’accueillir Indo dans leur capitale historique. Il faut dire que Londres revêt un caractère mythique aux yeux du groupe et de son public du fait de soixante ans de musique anglo-saxonne dont Londres s’avère être le berceau incontesté. C’est dans cet état d’esprit qu’après un Central Tour imposant, ce concert au Roundhouse à Camdem Town et sa capacité de 3000 personnes revient aux fondamentaux : de la musique, rien que de la musique, avec juste des confettis hérités des concerts XXL des années passées.

Malgré une entrée tardive (le set de Coach Party était déjà commencé quand nous sommes rentrés), la musique de chauffe très typée électro retentit vers 20h40. L’intro au piano de Nos Célébrations fait rentrer le groupe sous les acclamations, suivi d’Un Eté Français. Cette introduction sera enfin de compte une fausse piste : la suite du concert sera orientée rock, et quasiment que des morceaux anciens en dehors de La Vie est Belle en acoustique. Passé la première grande surprise de setlist, Manifesto (Les Divisions de la Joie), Indo balance tour à tour du Marilyn, Paradize ou encore Punishment Park avec bien sûr des incontournables qui sont au final tous présents et reprenant pour l’essentiel les arrangements du Central Tour. Le Baiser et le retour du Manoir en électrique constituent la pause de ce set survitaminé, tandis qu’une version rock inattendue de Poker Face de Lady Gaga sert de prétexte pour présenter le groupe ! Non content de ressortir Punker, Indo en propose en plus une version inédite en mashup. Et quand on pensait réentendre le Central Club, il s’agit en fait d’une version intégrale de Des Fleurs pour Salinger, dernier titre de medley que 2022 n’avait pas ressorti en entier ! Le set acoustique sera l’autre grande surprise de la soirée avec deux titres venant de nulle part : Je T’aime Tant et Une Maison Perdue, pas jouée depuis 2000 lors des Nuits Intimes. 3ème Sexe revient quant à lui dans sa forme originelle, très proche de la version studio, jouée notamment en 2021 à Bruxelles. La fin du concert sera aussi pêchu que le reste : exit College Boy et Karma Girls, certes de très bons titres mais galvaudés sur les précédentes tournées, au profit d’un You Spin Me Round (Like a Record) toujours aussi électrisant et bien joué en entier pour marquer au fer cette date londonienne surprenante à bien des égards.
S’éloignant de la tendance pop électro initiée à l’époque par Black City Parade, Indo semble avoir repris goût à remêler ses guitares Paradizienne à ses classiques new wave, une attitude déjà aperçue au Central Tour mais ici confirmé avec plus encore de panache. Stratégie temporaire pour cet été 2023 ou indice du son à venir pour l’album suivant ? C’est encore trop tôt pour le déclarer. En attendant, le public présent comme à distance par le biais des réseaux sociaux est unanimement sorti ravi du concert, rappelant combien l’Indo des petites salles a au moins autant à offrir que celui des stades, avec une volonté honorable d’exploiter habilement son immense répertoire.

Setlist Londres (11 juin 2023)
Si le public ne s’est pas montré aussi remuant (pogos) qu’au Sheperd’s Bush Empire de 2014, l’ambiance n’en était pas moins survoltée, dans les gradins circulaires comme dans la fosse et l’ensemble a été très réactif aux titres proposés. Nicola n’a pas manqué d’humour « vous êtes 2900 francophones mais faut que je parle un peu anglais pour 100 autres » mais a aussi mentionné les pépins techniques (le groupe a subi un important retard dans l’Eurostar) et a rendu hommage à feue la reine Elizabeth II, douce attention pour les quelques cents anglophones présents dans la salle (venant notamment d’Ecosse et du Pays de Galles). Pour les autres, la saison des festivals ne fait que commencer : rendez-vous à Nancy samedi puis un peu partout dans les pays européens francophones pour la poursuite des célébrations !


21 mai 2022 – Compte rendu du Central Tour au Stade de France

On n’aura jamais autant attendu un concert, et littéralement : ce premier concert du Central Tour est arrivé presque deux ans après son annonce. Il est donc peu dire que les attentes étaient élevées, gonflées à coups de teasing étalés sur deux longues années seulement ponctuées par quelques événements, certes de qualité mais amputés par cette fibre live qui a tant manqué.

Ce samedi 21 mai 2022 marque donc le début des festivités XXL dans l’enceinte de l’illustre Stade de France, sous une météo bien plus clémente qu’il y a huit ans, ouf. Et sous un soleil salvateur, à l’entrée dans le Stade s’élève alors cet imposant silo qui se dresse fièrement sur ses six pattes de fer au niveau desquelles on aperçoit la scène du Central Tour. On y regoûte alors le doux plaisir de cette adrénaline qui remonte, aidée par la projection sur l’écran à 360° qui tonne tel un coup de foudre pour faire apparaître deux cavités servant de fenêtre destinées à afficher les intervenants de la première partie, ici à Paris répondant au nom de Coach Party. Pendant le show orienté très rock le stade finit de se remplir, succédé par des olas fièrement motivées par les gradins font plusieurs fois le grand tour du Stade ! L’impressionnante tour pendant ce temps dégage à son aplomb une fumée telle d’une cheminée rougeoyante, dans une séquence « warm up » annonçant l’imminence du spectacle. Car à 20h50, la tour s’anime enfin véritablement, agitant ses 1400 leds pour retracer les fameux 40 ans d’histoire à l’échelle de l’humanité, entre crises, désillusions et espoir, sans oublier l’histoire du groupe en parallèle évoquant succès et déboires (la mort de Stéphane n’est pas oubliée). Le déroulé terminé, les notes du Versailles Mix de Nos Célébrations retentissent tandis que le groupe surgit de l’entrée des sportifs pour gagner la scène centrale. Si le son mérite quelques ajustements, le groupe délivre une salve de tubes dansants et l’on apprécie la volonté particulièrement nouvelle du groupe de sortir enfin Canary Bay, Les Tzars, Paradize et même La Chevauchée des Champs de Blé du carcan du medley : car oui, ces titres sont enfin joués en entier, et même dans leur format proche du matériau originel ! Cela vaut aussi pour 3 Nuits par Semaine, qui a abandonné sa cathédrale des précédentes tournées pour revenir à l’essentiel. On apprécie d’autant ces initiatives qu’elle permette de faire réexister sur scène des morceaux que l’on espérait plus entendre, a fortiori dans un stade : 7000 Danses ! Véritable surprise de setlist de la soirée, cette chanson offre un moment de grâce au spectacle avec des visuels vertigineux renvoyant puissamment à l’ambiance de la période 7000 Danses/Le Baiser ! Cela vaut aussi pour Punishment Park qui surgit après un solo d’harmonica résonnant dans le Stade (c’est plus grand qu’un studio de RTL2 !) mais aussi simplement pour Le Baiser, également joué en entier, une première depuis le Paradize Tour. La libération des titres « medley » interrogeait du reste à propos des titres choisis pour le Central Club, et si les enchaînements peinent à convaincre, la réintégration des singles des années 90 permet de mettre en valeur la décennie avec des arrangements proches des précédentes tournées (Kissing My Song dans sa version 2014, Drugstar 2010, Stef II 2006). Cette dernière remarque à part, Indochine revoit enfin ses bases de prestation live qui étaient fortement ancrées depuis vingt ans, une initiative louable quand on sait l’enjeu que représente un concert sous les feux de tous les projecteurs publics. Surtout avec 97’036 personnes présentes, le record absolu du stade !

Le deuxième atout de ce concert anniversaire, c’était bien sûr les guests, pour le coup assez nombreux. Le premier d’entre eux n’est autre que Christine and the Queens pour la version revisitée de 3SEX et si la prestation divisera autant que le réarrangement de 2021, l’énergie stupéfiante de la chanteuse androgyne impressionne et apporte un peps indiscutable à ce passage du concert. Autre surprise mémorable, Dimitri et Lou qui viennent chacun avec un tour de solo sur un Dizzidence Politik parfaitement justifié dans le cadre d’un concert remémorant les origines du groupe. Pas de Dominik cependant à l’horizon malgré l’espoir qui nous avait été laissé entrevoir ces derniers mois. L’Orchestre de la Garde Républicaine fera aussi une entrée surprise pour jouer J’ai Demandé à la Lune (évidemment!), La Vie est Belle et Atomic Sky, autre beau moment suspendu dans ce live aux multiples facettes. Si l’on pouvait accuser la redite en le retour de cette formation, le choix des titres diffère de celui de 2019 et la qualité des arrangements est unanime. Le dernier invité est Phillipe Jarrousky, un contreténor ayant déjà interprété College Boy aux côtés d’Indo lors d’une prestation TV récente, ici pour rejouer le titre précédé de témoignages sur le harcèlement scolaire. Un passage évidemment touchant pour le titre survivant de l’album Black City Parade.

Troisième atout du concert, et non des moindres, la mise en scène est sans conteste ahurissante. Indo a l’habitude de voir grand, surtout après deux précédents tournées ayant mis la barre très haut, mais la scène centrale était véritablement quelque chose à tenter. Parfaitement adapté au gigantisme et à circularité des stades, cette colonne monstrueuse permet un jeu de vidéos et de lumières saisissant qui ne se trahit jamais. Chaque morceau, voire chaque riff de guitare ou touche de synthé a son effet visuel, produisant un spectacle de tous les instants. Le groupe n’a d’ailleurs pas lésiné sur les vidéos, inédites et souvent originales comme l’intro d’Alice & June, celle déconcertante de 3 Nuits par Semaine (avec la collaboration de Laurent Delahousse!) et bien entendu L’Aventurier, délivrant le spectacle promis au firmament de la soirée malgré de légères faiblesses dans l’interprétation. A l’instar du 13 Tour, Karma Girls clôture le concert avec un feu d’artifices enivrant, moins poétique que celui du Stade Mauroy en 2019 sur fond de David Bowie mais dans un lightshow qui envoie une dernière fois le paquet.

Le pari est donc réussi, équilibrant les forces pour assurer le contrat avec brio. Reste à le reproduire cinq autres fois, avec d’inévitables modifications ne serait-ce qu’avec les invités. D’autres surprises sont donc peut-être encore à venir, mais ce concert du 21 mai à lui seul nous a déjà offert toutes les célébrations promises. Le reste n’en sera donc que du bonus, en premier lieu pour profiter une nouvelle fois de ce fabuleux spectacle et peut-être pour le compléter. Le prochain rendez-vous est à Bordeaux le 4 juin et la Garde Républicaine est annoncée pour revenir à Lyon le 25 juin. Mais d’ores et déjà félicitations à Indochine pour ces célébrations aussi réjouissantes qu’on pouvait l’espérer !

Setlist Paris (21 juin 2022)


7 mars 2020 – Compte rendu du concert pour les 20 ans de la Coopérative de Mai

C’était inespéré, inattendu et un peu surréaliste. Pour les vingt ans de la célèbre salle de concert de Clermont-Ferrand, Indochine officiel annonce seulement lundi un concert dans la salle de 1500 places, avec une mise en vente jeudi sur le site même de la Coop. Sans surprise, la forte demande a compliqué la tâche de tout le monde et il était malheureusement évident que tous les fans ne gagneraient pas le précieux sésame. Qui plus est avec des places nominatives et une prévente réservée aux abonnés de la salle ; la revente était tout de même autorisée sous réserve de détenir une copie de la pièce d’identité de l’acheteur. Il fallait donc bien se considérer chanceux d’assister à ce concert qui s’est montré VRAIMENT exceptionnel…

Façade Coopérative de Mai

Samedi 7 mars, le public se met doucement en file devant la salle, dans une sérénité qui contraste avec l’agitation ayant secoué Lille en juin 2019. Et sur les coups de 18h30, les portes s’ouvrent. La salle est évidemment petite, d’une intimité typique des clubs et de la tournée acoustique de 2000. Pas de première partie à l’horizon, mais les chansons de David Bowie résonnent dans l’enceinte tandis que la salle finit de se remplir. Puis à 20h45, le groupe arrive simplement sur scène et entonne une intro inédite… première surprise, bien que déjà esquissée sur une vidéo instagram de Nicola : Sur les Toits du Monde ! D’emblée, ce titre rare donne le ton, quand bien même Indo aime jouer cette chanson dans les clubs (y compris dans la même salle, en 2007 et 2011). Alice & June et Adora assurent l’ambiance rock sautillant, et très vite une seconde très belle surprise : Savoure le Rouge ! Un Jour dans notre Vie est décidément aux honneurs, et ce n’est même pas fini ! Pour info, le lead single avait été joué pour la dernière fois sur le Meteor Tour (à Lille en 2009), et le show d’hier en reprend fidèlement la version, simple et efficace. Pas fini disais-je, car Indo va sortir la plus grosse pépite de la soirée : Ultra S. ! Ce titre très rare n’avait plus été joué depuis les Nuits Intimes en 2000, et il faut remonter encore plus loin pour sa version électrique qui remonte à 1994, incroyable ! L’ombre de la tournée des 40 ans plane sur cette soirée bien dédiée aux fans…

Mais ce concert ressemblait aussi à ce qu’on pourrait appeler le 13 Club Tour, à ceci près qu’il s’agissait d’une date unique, cependant il reprend le concept des « petits tours » qui suivaient les tournées à l’occasion de la sortie des CD/DVD live. Les codes en tout cas sont les mêmes : ambiance intime, concert plus court mais très intense, avec un set reprenant le corps de celui de la tournée mais avec un réel brassage d’air apportant son lot de nouveautés qui fait plaisir aux fans « hardcore », loin des sempiternels J’ai Demandé à la Lune, pour ne citer que lui. D’ailleurs aucun titre de Paradize n’a été joué ce 7 mars. En revanche, 13 et ses cinq singles officiels étaient bien de la partie, avec entre autres un Station 13 toujours aussi efficace, ainsi que quelques classiques : 3 Nuits par Semaine (remplaçant le Club 13) et L’Aventurier, pour marquer le coup. College Boy s’offre quant à lui une nouvelle intro au double piano, parfaitement adaptée à l’ambiance intime du lieu. Mais les fans se souviendront avant tout des très belles surprises qui se sont enchaînées, car j’étais loin d’avoir tout cité : Juste Toi et Moi, Atomic Sky, Justine, Un Jour dans notre Vie dans sa version piano/voix et Morphine dans une version acoustique inédite. Une incommensurable bouffée d’air frais, surtout après un 13 Tour qui manquait d’audace à ce niveau-là. Indo s’est bien décidé à remettre ses années 90 dans la lumière du jour, et nul doute que cette décennie brillera autant que les trois autres pour la tournée des 40 ans dont ce concert exceptionnel a constitué une brillante entrée en matière. D’ailleurs la batterie de Ludwig en affiche déjà le logo…

Stage3

Cette soirée exaltante était placée sous le signe de la chance. En pleine crise du coronavirus, les rassemblements de plus de 5000 personnes se sont vus annulés les uns après les autres, et le couperet est tombé un peu plus bas, à 1000 individus, seulement deux jours après le concert d’Indo ! On n’ose croire que le rendez-vous aurait pu avorter, surtout après avoir été annoncé seulement six jours avant. « Rien ne nous arrêtera », comme scandait Nicola.

Setlist Coop de Mai (7 mars 2020)


23 juin 2019 – Compte rendu des concerts de La Dernière Vague à Lille

C’était la fête au Stade Pierre Mauroy ce week-end ! A l’image des concerts finaux au Stade de France en 2010 et 2014, ces deux dates ont rassemblé les indofans de la France entière, pour ne pas dire du monde, afin de célébrer la fin du 13 Tour au travers d’un ultime show. Ajouté à cela le jour précis des 60 ans de Nicola, et toutes les conditions sont réunies pour une ambiance intensément festive. Et c’était le cas, indubitablement.

Affiche Stade

Ce concert final a longtemps été intriguant, chiche en informations concrètes. On sait que ces deux concerts sont autoproduits par Nicola à travers sa propre société, KMS Live, et l’on se demande si les moyens seront suffisants pour donner un spectacle à la hauteur de l’événement. Mais n’était-ce pas mal connaître Indochine d’être ainsi dubitatif ? Le groupe, l’équipe technique, la manageuse… tout se coordonne pour donner le meilleur au public, qui le lui rend bien d’ailleurs. Les projets fusent pour célébrer l’anniversaire de « Ni60la »…

Le Stade lillois, dans sa configuration Arena, dégage vite une bonne impression : on est bien placé, peu importe où l’on se trouve. Ce n’est pas le cas dans toutes les grandes salles, alors Indo semble avoir encore fait le bon choix. La soucoupe est absente pour des raisons que l’on imagine techniques, et il n’y a pas de zone 13 non plus. En lieu et place se dressent tout de même un écran géant de 750m² ainsi qu’un plafond quadrillé de 750 projecteurs. Il faut bien cela pour compenser l’absence du « monstre », prouesse technologique ayant fait les heures dorées du 13 Tour. L’intro sur Black Sky est donc revue, inspirée de la séquence F13 des festivals 20818, avec un départ galactique où le stade s’improvise station de lancement. Les planètes sont parcourues plus rapidement que l’année dernière, pour rentrer plus vite dans le vif du sujet sans doute. 2033, Henry Darger, Station 13, Alice & June… Pas de doute, c’est un spectacle du 13 Tour ! Dunkerque vient toutefois trancher la routine, affiché comme un hommage au peuple du Nord qui a toujours chaleureusement accueilli le groupe dans ses contrées.

Stage3

Mais n’y allons plus par quatre chemins : la partie la plus remarquable du concert, c’est évidemment le set acoustique du 22 juin, où Nicola s’offre pour son anniversaire l’orchestre de la Garde Républicaine lui-même ! Complètement inattendu, complètement inédit dans un concert d’Indochine, ce moment était bien la surprise annoncée, une surprise bien impossible à deviner. Cette formation issue de la gendarmerie nationale vient appuyer le groupe le temps de quelques titres, passé la fureur d’un Club 13 légèrement renouvelé (Belfast), et parmi la poignée de morceaux choisis on retiendra une chanson qui n’avait pas été jouée depuis bien longtemps : Justine. Non contente de refaire surface, voici que le parfum d’Hanoï se met à flotter dans l’air… Si l’orchestre présent à Lille se limite aux cuivres, c’est suffisant pour donner des arrangements d’inspiration symphonique, et la magie prend sans attendre… Féerique, gracieux, avec une justesse propre à ce type de formation, le moment est rare et précieux. Salômbo, J’ai Demandé à la Lune et La Chevauchée des Champs de Blé auront le même traitement, qu’on peut dire de faveur sans se risquer. 3ème Sexe est entonné à son tour, moment propice à Nicola pour s’envelopper d’un drapeau LGBT offert par le public. La vision est brève mais forte en symbole, quand l’apparente rigueur de la formation militaire juxtapose la désinvolture du combat pour la tolérance des diversités sexuelles. Lou est invité sur scène pour un Electrastar iconique, et ce passage-clé du concert ne saurait se terminer sans l’instant phare de la soirée : Nicola reçoit l’hommage de ses 60 ans, chanté par le public, joué par la Garde Républicaine, et honoré par sa fille Théa quand elle arrive sur scène avec dans les mais un énorme bouquet de fleurs à l’attention de son père. Ce dernier est surpris, ému, et l’orchestre enrichit encore ce tableau saisissant avec quelques notes de Life On Mars? de David Bowie. Un moment complètement unique, si bien que la date du lendemain deviendrait presque banal avec son set acoustique plus conventionnel. La date du 23 s’offre tout de même Le Lac et Le Manoir, titre peu joué sur le 13 Tour pour l’un et même pas du tout pour l’autre. Dans les deux cas, le concert se termine de la même façon qu’à Amnéville, dernière date de la seconde Vague avec Karma Girls comme ultime tableau, aidé par son éblouissant visuel. Comme si cela n’était pas suffisant, le spectacle se prolonge dehors, avec un feu d’artifice lancé depuis le toit du stade où résonne la voix de David Bowie et de sa chanson Starman.

Firework

On pourra pester contre le manque de surprises du dimanche. L’absence de la Garde Républicaine n’a pas aidé, surtout quand elle n’est pas compensée par une autre surprise qui aurait pu compléter l’aspect exceptionnel de ce rendez-vous lillois. L’absence de la soucoupe fait que ce final du 13 Tour n’est pas tout à fait le 13 Tour sans sa pièce phare, malgré la grande qualité du lightshow et de la grandeur de l’écran pour rattraper la chose. L’absence de Gloria peut surprendre également quand on sait combien ce titre était mis en valeur pendant la tournée, à croire que sa non-sortie en single a maudit le fameux duo de 13. Mais voilà, c’est à peu près tout. Le reste n’est que grande satisfaction, sorti de ce week-end délicieusement riche quand on établit le bilan : deux concerts ayant tous deux franchis la barre des trois heures, leur denses émotions qui s’enchaînent, le déploiement d’énergie sous toutes ses formes, la démesure des moyens techniques pour offrir un splendide spectacle visuel et sonore abouti, un feu d’artifice en guise de final festif, un parvis de stade animé où les fans peuvent se prendre en photo devant une structure gonflable géante et rétroéclairée, une présence prestigieuse pour un anniversaire qui ne l’est pas moins, une retransmission gratuite et en direct sur la plate-forme vidéo la plus accessible du net… tout cela pour 40€ la place… allez, 48€ pour les meilleurs emplacements gradins. On ne se lasse pas de rappeler l’incroyable générosité du groupe dans un état de lieux comme celui-ci, et cela ne pouvait mieux conclure le 13 Tour. Il ne reste plus les souvenirs, les traces vidéo, les rêves encore frais et les drapeaux qui défilaient devant nos yeux, tout ceci alors que l’horizon 2021 et les 40 ans du groupe sont suffisamment évoqués çà et là pour s’assurer que les festivités vont reprendre dans pas si longtemps… Et je ne parle pas de la possibilité d’une tournée des clubs, comme le veut la tradition… Le spectacle n’est pas terminé, c’est là la seule des certitudes et tant mieux, car c’est la meilleure.

Setlist Lille (22 et 23 juin 2019)


18 novembre 2018 – Compte rendu de la seconde trilogie de Bercy

6ème date pour Bercy

Mercredi, vendredi et hier, le 13 Tour a suspendu pour la seconde fois son impressionnante soucoupe sur le plafond de l’AccorHôtels Arena de Paris-Bercy. Deux fois plus grand que dans la tournée des zéniths, le monstre a su en cette seconde trilogie de concerts parisiens charmer par trois fois les spectateurs, de par ses effets visuels bien sûr mais aussi par son aptitude à compléter le spectacle donné sur scène. Indochine n’a pas lésiné, comme à son habitude, et sans signe de fatigue aucune le groupe a donné à son public trois concerts colossaux dans une ambiance crescendo. Si le mercredi passe pour un échauffement, ce Bercy IV témoigne déjà d’un show rôdé et d’un public qui en redemande, inlassablement. Le vendredi avec Bercy V constituait la date-clé de la tournée puisque, vous n’êtes pas sans le savoir, le concert était retransmis en direct sur TMC et RTL2 ! Un événement rare pour le groupe qui n’avait que par deux fois proposé un concert en direct auparavant. Asia Argento débarque sur scène pour l’occasion, au cours d’une quatrième interprétation de Gloria aux côtés de Nicola. Si une coupure pub pendant Trump le Monde et Rose Song a fait grincer des dents, la captation réalisée s’avère être excellente et ne peut qu’encourager le groupe à immortaliser le show sur DVD/Blu-Ray. Car définitivement non, celui-ci n’étant pas aussi infilmable que Nicola le craignait ! Enfin, si les vingt caméras utilisées ce soir là ont replié bagage à la fin de la soirée, le dernier concert donné le lendemain s’est montré le plus formidable en terme d’ambiance ! Point culminant de cette trilogie live, Bercy VI a soulevé un public définitivement conquis et a validé dans la fièvre et l’allégresse la réussite de ce 13 Tour 2ème Vague, qui reprend à présent la route en province.

L'Aventurier à Bercy (13 Tour 2ème Vague)

Côté setlist, rien de nouveau par rapport aux dates précédentes si ce n’est Kao Bang en acoustique à Bercy VI, qui n’avait alors été jouée qu’à Nancy auparavant sur la tournée. Ce même soir, le groupe offre Salômbo en plus sur la setlist, un cadeau dédié à une Vietnamienne que le groupe a rencontrée à l’occasion de son séjour à Bercy. Cartagène achève deux des trois concerts, Karma Girls constituant la fin logique de la date représentative de vendredi. Plus surprenant, Rose Song à la place de Little Dolls ce même soir, cette pépite de Dancetaria alors bien moins connue par le grand public, quand bien même celle-ci a été occultée par la pause pub… Cela n’empêchera pas TMC d’atteindre le quasi-million de téléspectateurs, un beau score pour une chaîne de la TNT avec de surcroît une rude concurrence sur les grandes chaînes. Les replays sont disponibles sur les sites du groupe TF1 pour voir et revoir le concert dans son intégralité.

Score TMC 13 Tour

On peut le dire, à présent : le 13 Tour a bien atteint le firmament !


1er novembre 2018 – Compte rendu du premier concert de la 2ème Vague

13 Tour - Rouen III

Le 13 Tour a repris la route hier soir, après une première étape épique au zénith de Rouen. Il s’agit du troisième concert dans ce zénith normand, et surtout d’une date fort demandée puisque de nombreux fans n’ont pu obtenir de billets à la revente. Nous leur espérons faire une autre date au cours de cette tournée, car il serait dommage de rater le show, y compris s’ils l’ont déjà embrassé au cours de la première vague…

13T2V Rouen III - Stage0

En effet, si le plaisir de retrouver le spectacle du 13 Tour est entier, celui de renouveler la setlist constituait clairement l’autre attente de cette nouvelle fournée de concerts. Ici même sur Indoprisme, on lui a reproché une liste un peu trop statique, et un medley qui méritait d’être amélioré. Il semblerait que les critiques ont été entendues, car Indo s’est réellement appliqué à offrir de belles alternatives à son spectacle. Le changement, il est d’abord dans les musiques d’attente et surtout la première partie : point de jeune groupe sur scène, mais un grand rideau blanc sur lequel sont projetés à la suite une série de clips pop/rock des années 70/80. Tous les « héros » de Nicola y passent : de David Bowie à Patti Smith, ou encore Blondie avec le titre One Way or Another que le groupe avait reprise à Nancy. Pas très live comme première partie, mais finalement assez cohérent avec les propos de l’ère 13.

L’intro de Black Sky est toujours aussi phénoménale, et que ceux qui ont aimé l’intro des festivals se rassurent, c’est Ceremonia qui prend le relais ! Pourquoi devoir choisir, après tout ? Si TomBoy et Suffragettes BB ne sont pas là, Trump le Monde et Little Dolls semblent avoir pris leur place, là encore un héritage des festivals de cet été. Adora quant à lui, ayant laissé sa place à Ceremonia, intègre à présent le medley comme du temps du Meteor Tour, car oui le Club 13 a enfin été amélioré et on apprécie le changement ! Kill Nico n’est joué plus qu’une seule fois, et La Machine à Rattraper le Temps fait son entrée ! Cela faisait quinze ans que ce titre de 7000 Danses n’avait pas été joué, la dernière fois remontant au medley du Paradize Tour ! L’album de 1987 est d’ailleurs mis à l’honneur puisque La Chevauchée des Champs de Blé est aussi présente, au cours d’un set acoustique avec les cinq membres du groupe disposé le long de l’avancée. Exit Electrastar, galvaudé lors de la 1ère Vague, au profit de ce titre ainsi que de 3ème Sexe dans une version proche de celle jouée à l’émission consacrée à Jean-Paul Gaultier le mois dernier. L’ultime surprise, c’est bien sûr Cartagène qui remplace Karma Girls, annoncée par le destin quand un coup de vent au dehors a mis à terre tous les drapeaux à l’exception de celui représentant ce fameux morceau de 13. Quand une telle chanson résiste à la tempête, elle ne peut que mériter d’être jouée sur scène ! Un nouveau visuel accompagne son interprétation, moins féérique que Karma Girls mais qui apporte un réel coup de frais dans les dernières minutes du show. En parlant de visuel, il y a quelques nouveautés aussi avec l’intro de Station 13 et Song for a Dream qui réutilisent les images des clips, mais aussi Gloria et Kimono Dans l’Ambulance, qui sont pour le coup encore inédits.

En bref, ce premier concert apporte une bouffée d’air frais qui fait grandement de bien au 13 Tour sans dénaturer son show, toujours aussi spectaculaire et qui s’apprête à sillonner la France et la Belgique (d’ailleurs, le Palais 12 c’est ce week-end)! Le clou de la tournée sera bien sûr les trois soirs à Bercy le 14, 16 et 17 novembre avec la diffusion en direct sur TMC du deuxième soir. On a hâte ! En attendant, un grand bravo à Indochine d’avoir honoré son spectacle en lui offrant ces variantes plus que bienvenues !

Setlist Rouen III (1er novembre 2018)


23 juin 2018 – Compte rendu du concert au zénith de Nancy en plein air

Affiche 13 Tour à Nancy plein air

Cette date était très attendue, de par le caractère exceptionnel qu’elle revêt au gré des annonces des invités et du fameux titre « jamais joué sur scène » dont il était question sur les réseaux sociaux. Elle figure en plus d’outsider du 13 Tour et ouvre la période des festivals pour Indo, qui enchaîne avec Garorock dans les prochains jours.

Nancy un 23 juin c’est d’abord du soleil, et une chaleur prononcée pour une ambiance estivale placée à son zénith (jeu de mot involontaire). Pourtant la fête avait déjà commencé la veille avec les amateurs du premier rang qui ont campé les quelques jours précédents, ambiance barbecue et rencontres entre fans qui met en condition avant d’attaquer le Jour J ! Dès le petit matin, près de 250 personnes attendent déjà dans l’allée précédant l’esplanade et la sécurité du zénith se met de concert avec celui du groupe pour organiser les files, selon les « côtés Oli ou Boris ». Des fans dévoués ont également participé à la mise en place des files, une initiative salutaire à la vue du flux déjà présent à l’heure de midi. Passé 15 heures, ce même flux peut enfin se disperser sur des files répartis le long de l’esplanade du zénith avant l’ouverture tant attendue des grilles vers 18h15.

Zénith Nancy façade avant

L’amphithéâtre du zénith de Nancy est étonnant, situé en contrebas d’une plaine où étaient d’ailleurs postés des militaires armés (de quoi se rappeler Lima en 88!), tandis que la scène et son infrastructure donne réellement l’impression de se trouver derrière un zénith plutôt qu’à l’intérieur ! L’avancée est non moins originale, se présentant comme une flèche se terminant en triangle où les premiers arrivants s’amassent tout autour. L’enceinte se remplit vite tandis que Dream Wife, un groupe de punk/rock anglais figurant dans le tracklist de la compilation Girls Don’t Cry, officie en ouverture à 19h40. Surprenant, le trio de jeunes filles revendiqué « girl power » propose un rock dynamique et désinvolte, tandis que Cécile Cassel et ses musiciens (Hollysiz) entament la « seconde première partie » à 20h50. La chanteuse blonde platine est toujours aussi fraîche et pétillante depuis sa première prestation devant le public d’Indo le 28 juin 2014, qu’elle ne manque pas de rappeler du reste, et il est difficile de ne pas (re)tomber sous son charme. Ses chansons vitaminées (ne serait-ce que Come Back to Me) chauffent le public alors proche de retrouver son groupe…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

A 22h00 pétantes les lumières s’éteignent, laissant quelques spots blancs balayer la scène. L’intro est entièrement nouvelle bien qu’inspirée de Black Sky (idem pour les images défilant sur les écrans de scène), mais ce n’est pas ce morceau emblématique du 13 Tour qui se lance. En effet, c’est Ceremonia qui prend le rôle de titre d’ouverture, comme lors du concert Tidal au Trianon le 9 décembre 2015. L’écran est d’un rouge obsédant, introduisant le groupe avec puissance avant de poursuivre avec les morceaux du 13 Tour. Henry Darger laisse s’envoler une multitude de ballons, comme portant le message des jeunes filles vers l’horizon. Station 13, le single en cours, ne perd pas en efficacité hors des murs des zéniths.

Après un toujours aussi émouvant La Vie est Belle et des galères sur Tes Yeux Noirs (Nicola perd son micro en fendant la foule), Gloria fait venir Asia Argento sur scène pour un duo toujours aussi endiablé. La suite est inédite puisqu’elle propose pour la première fois sur scène les deux titres bonus de 13 : d’abord La 13ème Vague (le fameux titre demandé sur Internet) puis Trump le Monde qui a emballé les foules avec une série d’images décapantes ! Un régal !

Trump le Monde à Nancy - 23 juin 2018

Plus tard, Nicola accompagné d’Hollysiz interprètent One Way or Another de Blondie, une reprise à la hauteur de la verve de l’invitée. S’ensuit le Club 13 que l’on connaît déjà sur le bout des doigts.

La plus belle surprise de la soirée fut probablement le set acoustique, très généreux et avec le groupe entier : La Chevauchée des Champs de Blé entame le set, à la grande joie de nombreux fans qui attendaient de pied ferme le retour de ce superbe morceau, en acoustique de surcroît comme on ne l’avait plus entendu depuis l’Alice & June Tour. Kao Bang et Salômbo suivent tandis que Lou, la nièce de Nicola, rejoint le groupe pour interpréter Electrastar. Un moment vibrant, comparable au mythique passage acoustique du Stade de France 2010. Les fans exultent, et le public plus occasionnel retrouve un terrain plus connu avec le mythique J’ai Demandé à la Lune, jouée sous celle de Nancy qui trône au-dessus de la vallée.

Set acoustique Nancy - 23 juin 2018

La suite et fin du concert est la même qu’au 13 Tour indoor, si ce n’est que l’intro de L’Aventurier se déroule devant les yeux plutôt qu’au dessus. La magie est la même finalement, tant la vidéo est fabuleuse et enveloppante. Un moment terriblement puissant, apaisé par un Karma Girls tout aussi éblouissant avec ses jets de fluides de toutes les couleurs recouvrant l’écran. Nicola en profite pour remercier le public nancéen en annonçant l’ultime date de la 2ème Vague du 13 à Amnéville, pour le 21 décembre prochain ! Comme un ultime moment de fête, le concert ajoute en toute fin un feu d’artifice tiré depuis le toit du zénith, manière finalement simple mais belle de dire au revoir à son public après près de quatre heures de musique, premières parties incluses.

La période des festivals est désormais ouverte, et qu’importe ce qu’il adviendra, on n’oubliera jamais cette soirée de célébration qui a définitivement scellé le lien entre la patrie d’Oli et Indochine. Connaissant le passif entre le groupe et la Foire aux Vins de Colmar, nul doute que la fermeture sera toute aussi réussie…

Setlist Nancy (23 juin 2018)


19 février 2018 – Compte rendu des trois concerts de Bercy

Façade AHA Bercy

Le week-end du 16/17/18 février est terminé et avec lui, une série ininterrompue de trois concerts à l’AccorHôtels Arena de Bercy. Voilà huit ans qu’Indochine n’avait pas investi cette salle, le Black City Tour ayant survolé la programmation dans l’Arena (de toute façon en travaux) dans la période 2013/2014, et c’était donc un retour en grandes pompes qui était attendu pour le début du 13 Tour. Qu’est-ce qui change donc dans ces trois dates par rapport à Epernay du week-end dernier (et d’une majeure partie des autres concerts de la tournée) ? La dimension bien sûr, puisque l’Arena de Bercy en impose par la taille de son enceinte !

Et un constat s’impose dès l’entrée dans la salle : la soucoupe volante, qui avait déjà fait forte impression au Millesium, gagne ici une bande concentrique supplémentaire, agrandissant la surface de projection vidéo du simple au double et s’étendant de part et d’autres du plafond de Bercy ! Une telle surface (1700 m²) transcende l’échelle humaine et l’on comprend que le groupe met autant en avant ces rendez-vous à Bercy, car rien que l’intro sur Black Sky offre un voyage encore plus réaliste, plus vertigineux, plus inoubliable pour tous les spectateurs qui se sont crus décoller pour l’espace ! Et que dire de l’introduction de L’Aventurier, où l’on s’imagine percuter un des astéroïdes qui glissent gracieusement de tous bords de l’écran ? Chose marquante pendant ces séquences : le silence de plomb du public, subjugué par ce qui s’affiche au-dessus d’eux. Aucune commune mesure pour cette démonstration visuelle (et par extension artistique) comme jamais un concert n’en avait encore offert dans cette salle, du moins en terme de dimension. Un grand bravo est à adresser aux équipes en charge de cet exploit, car si le concept est relativement simple (on apprécie d’ailleurs l’absence de fioriture malgré l’ambition du projet), la mise en place a dû être très délicate. Au point tel que le dispositif n’est suffisamment pas en hauteur pour permettre aux spectateurs du haut des balcons d’assister au spectacle, voyez plutôt… un bémol blessant qui n’a probablement pas été anticipé lors du montage de la scène. Pour les autres, le prix 40€/45€ est terriblement raisonnable devant un spectacle aussi généreux…

L’ambiance n’en a pas souffert pour autant et le public dans son ensemble a affiché son enthousiasme des premières aux dernières secondes, un mieux depuis Epernay (dont la timidité peut être imputable au fait de la découverte). Des titres bétonnés comme Station 13 aussi fantastique en live que l’on pouvait s’y attendre!-, Song for a Dream et Un Eté Français contribuent bien sûr à ce succès, mais je pense également à TomBoy, qui n’est pas sans rappeler les marches des fiertés avec son ambiance festive (les couleurs rainbow balaient la salle), son militantisme et ses rayons d’espoir pour un avenir plus tolérant.

Les concerts sont sensiblement les mêmes que celui de la première date, en dehors de Miss Paramount qui troque sa place contre Alice & June, plus rock et actuel. Cartagène peine à se glisser en fin de concert et Indo privilégie un Karma Girls plus tendre et romantique. La setlist, toujours sans risque, n’a d’ailleurs pas bougé d’un iota entre vendredi et samedi ! Immobilisme nouveau chez Indochine qui se laisse de plus en plus maîtriser par son « monstre scénique » millimétré plutôt que l’inverse… Gageons pour que la suite du 13 Tour rende un peu à Indo sa souplesse que nous lui connaissions jusqu’alors, peut-être quand le groupe aura récupéré de cet enchaînement de trois concerts visiblement éprouvants pour eux.

En dehors de ces impairs, le spectacle est presque sans fausse note et l’on retrouve les sensations déjà vécues à Epernay, le seul changement étant la dimension décuplée de la scène et de sa déjà illustre soucoupe volante, offrant à travers son prisme intergalactique l’un des plus beaux voyages qu’Indochine ait amais offert à son public.

08


11 février 2018 – Compte rendu du premier concert du 13 Tour

Hier soir au Millesium d’Epernay s’est tenue la grande première du 13 Tour, une date de rodage délivrant enfin ses surprises avant d’entamer une trilogie symbolique sur la scène de Bercy le week-end prochain. 2h30 de nouveau show pour célébrer des retrouvailles méritées après des mois, voire des années d’attente. Et une surprise de taille qui défraye la chronique : Nicola s’est teint les cheveux en blond platine ! Petite révolution capillaire pour le chanteur de 58 ans qui fait trembler les habitudes. Qu’on aime ou pas ce nouveau look, l’éternelle identité du chanteur opère un changement rafraîchissant dont l’effet n’est pas sans rappeler celui de son « héros » David Bowie et ses traits juvéniles. Cela explique d’ailleurs le bonnet porté par Nicola ces dernières semaines ! Mais revenons au sujet.

Après des heures d’attente dans les paysages enneigés aux portes de la Millesium, le public a pu retrouver sous les coups de 18h30 la chaleur des salles de concert et s’affranchir d’un froid ambiant évidemment dû à la saison, bien que le soleil généreux a relevé fébrilement le mercure au zénith du midi. L’atmosphère est partagée entre l’impatience et la curiosité devant un plafond présentant une toile circulaire… l’héritier du « serpent » ? Probablement ! La salle se remplissant, Requin Chagrin délivre une première partie agréable, avec un titre qui n’est pas inconnu des indofans puisqu’il avait été joué au concert d’Alcaline au Trianon en octobre dernier. Le set de près de 25 minutes se laisse apprécier et l’attente reprend pour un ultime quart d’heure avant que les lumières ne s’éteignent…

N’y allons pas par quatre chemins : l’intro sur Black Sky est stupéfiante ! Certes un peu prévisible, mais cette traversée poétique à travers les planètes de notre galaxie fait immédiatement sensation, surtout quand elle se fait depuis le plafond ! Le toit du Millesium semble s’être ouvert pour emmener tout le public jusqu’au soleil, brûlant, bouillonnant et rayonnant dans la salle à travers une multitude de spots lumineux. La chanson démarre, rugissante, avec les variations qu’on lui connaît. Car oui le groupe s’est installé pendant que tous les yeux étaient rivés vers le ciel noir ! La surprise des cheveux de Nicola passée, les titres de 13 s’enchaînent avec un 2033 festif (les confettis sont de retour!), un Henry Darger donnant la part belle aux treize filles aux visages riches d’expression et bien sûr Station 13, coloré et intensif. Après les remuants Adora et Miss Paramount, c’est le très radiodiffusé La Vie est Belle qui ramène 13 sur scène, suivi de Tes Yeux Noirs où Nicola s’offre un bain de foule. S’ensuivent les nouvelles chansons qui tirent profit de la superbe scénographie, surtout Gloria où le duo virtuel conjugue le vertige à l’élégance…

Le groupe poursuit l’interprétation de ses nouveaux titres, certains plus probants que d’autres, et si Kimono dans l’Ambulance offre quelques images intéressantes et un scénario conté dans les paroles, le titre plombe inévitablement l’ambiance. A l’inverse, Song for a Dream et Un Eté Français marquent par la solidité de leur refrain. TomBoy fait enfin ses premiers pas sur scène et l’on se réjouit d’un nouveau duo virtuel avec Kiddy Smile sur l’écran de fond, le tout inondé de confettis et de lasers tournoyants aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBT. Surprise de la soirée, Indo profite de l’imagerie des drapeaux de 13 pour les aligner sur « l’horizon »…: eh oui, c’est le retour d’A L’Assaut, tel qu’il était joué au zénith de Paris en 1986 !

Point noir du show, le medley répondant au nom du Club 13 s’avère être une déception. Ce qui est habituellement un moment phare du concert, travaillé et renouvelé à chaque tournée est ici un vague pot-pourri qui peine à décoller. Concrètement, la technique emprunte grandement au Black City Club sans hériter pour autant de sa ferveur (point d’échanges enflammés sur Trashmen ou moment fort équivalent). L’enchaînement patine sur des morceaux qui n’ont que trop prouvé leur confort dans cet exercice (Canary Bay, Kill Nico, Paradize, Les Tzars), sans aucune nouveauté remarquable. Le groupe semble avoir moins pris le temps de travailler sur ce « nouveau » medley, et sans une revue en profondeur (ou à défaut quelques changements pertinents), ce Club 13 ne devrait que peut marquer la nouvelle tournée. Le set acoustique fonctionne aussi sur des valeurs sûres : Electrastar (Nicola solo) et J’ai Demandé à la Lune (avec Oli et Boris) qui a bien cédé sa place au profit de La Vie est Belle. Une intro inédite de College Boy envoûte la foule avant le retour de la formation électrique pour finir le morceau.

Sans surprise le concert se termine sur l’inflexible duo 3 Nuits par Semaine / L’Aventurier. Version longue habituelle pour 3 Nuits (mais Nicola en profite pour présenter tous les membres du groupe!) tandis que L’Aventurier profite d’une nouvelle intro s’offrant les services du plafond ! Démarrant plus bas que terre, des mains nagent désespérément vers une surface lointaine qui finit par s’ouvrir et l’ascension se poursuit dans le ciel puis jusque dans le cœur d’une étoile couronnée d’astéroïdes ! Magnifique ! Bob Morane soulève pour la treizième fois les foules avant que le show se termine sur Karma Girls, fin raccordée avec ce voyage dément dans l’univers sidéral, non départi dans ce final d’une pointe de spiritualité mêlée de tendresses indochinoises. 23h20, le concert est fini, laissant un potentiel Cartagène dans les tuyaux.

En somme, nous avons affaire à un show certes encore en rodage, mais son concept « monstrueux » ne devrait pas avoir de difficultés à séduire le public partout où il passe ! Demeure une setlist qui, en dépit d’une honorable exposition de 13, manque un peu de diversité et de prises de risque, le temps d’au moins une ou deux chansons. Le rock d’Indochine s’éclipse toujours un peu plus (absence remarquée d’Alice & June et de Marilyn) mais c’est vraisemblablement un choix du groupe de freiner cet aspect de ses anciens live, tandis que son medley électro mérite un bien meilleur travail que le peu d’investissement qui semble lui avoir été accordé.

Pour finir, la zone 13 se présente comme un demi-cercle coupé en son milieu par la longue avancée, bordant la scène principale côté Oli et Boris. Un milieu donc privilégié mais rassurez-vous, la formidable mise en scène s’étend bien aux yeux de toute la salle ! Vivement Bercy dans quelques jours pour admirer le spectacle en encore plus grand (la taille d’écran sera doublée)! Le 13 Tour ne fait que commencer et bien que perfectible en certains endroits, il lui en faut finalement peu pour atteindre le firmament !

Setlist 13 Tour à Epernay (10 février 2018)